Chez Peugeot, depuis déjà de nombreuses années, il y a une tradition qui remonte à la 404 : un coupé et un cabriolet présents au catalogue dérivant de la berline existante dont le dessin de la carrosserie est dû un des plus grands maîtres : Pininfarina. Avec la 504, Pininfarina laisse aller tout son talent pour dessiner un coupé et un cabriolet qui feront date dans l’histoire de Peugeot…
C’est en 1966 que Peugeot et Renault signent un protocole d’accord pour la fabrication d’organes mécaniques : la Française de Mécanique en sera le fruit trois ans plus tard. En 1971, Volvo arrive, et la mise au point d’un moteur V8 est décidée. Pour l’occasion, une société détenue à parts égales est créée : la société anonyme franco-suédoise de moteurs PRV concevra le moteur, et la Française de Mécanique le produira. Mais en raison de la fiscalité défavorable aux grosses cylindrées, de la crise pétrolière, et des limitations de vitesse qui pointent leur nez, il sera ensuite décidé de ne produire qu’un 6 cylindres. Cela arrangeait Renault, qui pourra du coup le rentrer sous le capot de la future Renault 30…
Pour autant, ce V6 n’a été qu’un V8 amputé de deux cylindres. Ainsi, l’angle est de 90° et non de 60° comme cela devrait être le cas sur un V6, tandis que l’ordre d’allumage est resté aussi identique à celui d’un V8, ce qui rend son fonctionnement irrégulier. Il aurait fallu en fait décaler les manetons, ce qui ne sera fait que bien des années plus tard… Pour autant ce moteur, étudié par Peugeot au sein de PRV, est tout à fait moderne. Il se caractérise notamment par son bloc en aluminium coulé sous pression, ses arbres à cames en tête, et par son originale alimentation par deux carburateurs, un double corps et un simple corps. On imagine que le V8 aurait eu 2 doubles corps… Ce moteur nous offre finalement une puissance de 136 chevaux pour un couple de 21.1 mkg, ce qui la met par exemple en concurrence avec la Mercedes 250 C bien plus chère, une Ford Capri moins moderne ou une Renault 17 moins noble, la Citroën SM restant beaucoup plus élitiste.
Découvrir une Peugeot 504 Coupé produit toujours son petit effet. L’élégante ligne de carrosserie, les fins montants, et les pare-chocs chromés ont très bien vieillis, et on a du mal à croire que celle que nous avons devant nous, un des premiers exemplaires produits, a plus de 30 ans. Le temps n’a que peu de prises sur le dessin de la voiture, et les réactions des gens au passage de cette 504 C (le C désigne les dérivés Coupé et Cabriolet chez Peugeot) sont sans appel. On a même vu durant l’essai un propriétaire de Cayenne se retourner à notre passage. A l’intérieur, ça date déjà sensiblement plus. Une petite planche de bord avec face au conducteur 3 petits cadrans, à savoir un compteur de vitesse, un compte-tours, et un multifonction. Les commandes sont celles d’une Peugeot de l’époque, c’est-à-dire que le commodo de gauche commande les essuie-glaces et les phares, tandis que celui de droite commande le klaxon et les clignotants. Les commandes de chauffage sont également d’une ergonomie dépassée, mais ce qui étonne le plus, c’est la sellerie velours d’une couleur saumon courante à l’époque mais qui ne se trouve plus sur les voitures d’aujourd’hui. A noter au chapitre des équipements les vitres électriques et la direction assistée. La 504 V6 a tout d’une voiture moderne, tout en n’en étant pas tout à fait une, et cela participe à son charme.
Sous le long et plat capot qui s’ouvre de l’arrière vers l’avant, le V6 a de la place. D’abord parce que c’était courant à l’époque, ensuite parce qu’il était censé pouvoir accueillir le cas échéant un moteur V8. C’est tout bénéfice pour l’accessibilité mécanique. En revanche, comme toujours pour un véhicule de cette époque, le côté esthétique de la mécanique a été oublié. Mais entre un joli moteur impossible à toucher car à l’étroit et l’inverse… nous préférons ce que propose la 504. Surtout que le PRV a une qualité indiscutable : le moteur, peu poussé, se montre très fiable. A l’opposé du capot, le coffre n’est pas négligeable. A un détail près : la roue de secours est posée là, au milieu, enveloppée dans une élégante housse en simili noire. Ce n’est qu’en 1976 qu’elle passera dans une nacelle sous la voiture, l’occasion pour le réservoir d’être ramené à 60 litres… A vous de choisir entre un grand coffre et une bonne autonomie en fonction du millésime acheté, en somme.
Contact, c’est parti. Avec les carburateurs, le démarrage ne se fait pas aussi facilement qu’avec un moteur doté de la gestion intégrale, mais le PRV démarre au bout de quelques secondes, ce modèle haut de gamme disposant bien entendu d’un starter automatique. La sonorité est assez quelconque à cet instant, et on ne peut pas s’empêcher de penser qu’on a sous le capot un V8 auquel on a arraché 2 cylindres… Mais dès qu’on roule, on n’y pense plus. La direction assistée, la douceur des commandes dans leur ensemble, tout concourt à une conduite normale. On n’est pas au volant d’une ancienne, et on peut rouler quotidiennement avec. A deux détails près. D’abord, les comodos inversés, mais on s’y fait rapidement. Ensuite, la pédale de frein, dont l’assistance et l’attaque sont bien moins présents qu’aujourd’hui. Il ne faut pas hésiter à attaquer fort la pédale dès le début ! On reste un petit peu déçu par le rayon de braquage. Une propulsion braque normalement mieux que cela.
L’habitabilité est bien sur suffisante à l’avant, voiture de prestige oblige, mais elle n’est pas non plus négligeable à l’arrière. Une 504 V6, ça vous tente ? Si à l’époque le Coupé était curieusement plus cher que le Cabriolet, c’est aujourd’hui l’inverse, il serait donc dommage de se gêner…
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